Salariés, chefs d'entreprises : l'IA va tout changer, profitez-en !
L'IA modifie en profondeur notre rapport au travail, d'alliée à remplaçante. Décryptage du «point d'inflexion», cet instant critique où tout bascule. Nos clés pour s'y préparer.
L'IA modifie en profondeur notre rapport au travail, d'alliée à remplaçante. Décryptage du “point d'inflexion”, cet instant critique où tout bascule, et les clés pour s'y préparer que l'on soit salarié, indépendant ou chef d'entreprise.
L'intelligence artificielle (IA) s'impose aujourd'hui comme une alliée précieuse dans notre environnement professionnel. Elle nous accompagne de plus en plus dans l'exécution de nos tâches avec une rapidité et une efficacité qui épatent de plus en plus. Cependant, il serait naïf de considérer cette relation collaborative comme immuable.
Bien que l'IA nous promette d'améliorer notre productivité en entreprise et semble transformer peu à peu nos méthodes de travail, la réalité de demain pourrait être radicalement différente. Une IA plus sophistiquée pourrait se substituer entièrement à certaines responsabilités humaines, remettant ainsi en question nos méthodes de travail voir notre propre employabilité – comme elle transforme déjà de nombreux métiers. Le PDG d'OpenAI et créateur de ChatGPT, Sam Altmann, promet déjà l'avènement de l'intelligence artificielle générale (IAG) pour 2025.
Menaces sur l'employabilité
Quoi qu'il en soit, l'IA évolue pour rendre non seulement nos activités plus productives. À un terme plus ou moins long, elle pourrait être aussi plus menaçante pour l'employabilité de nombreuses personnes. Cette préoccupation est très largement partagée et nombreux sont les salariés qui craignent d'être plus rapidement remplacés par l'IA.
L'influence croissante de l'IA sur le marché du travail s'inscrit dans un cycle d'évolution systématique, marqué par plusieurs phases distinctes et un moment critique que certains experts appellent le «point d'inflexion». À partir de ce point, la productivité permise par l'IA laisse place à un effet de substitution où le rôle et la place de l'humain tendent à disparaître au profit de la technologie.
Une évolution différenciée et inéluctable
Pour les tenants de cette approche, l'IA aura un impact progressif sur l'emploi (il n'y aura pas de grande révolution soudaine du jour au lendemain). Mais, et c'est peut-être le plus important, cette transformation sera inéluctable et devrait se faire en trois phases successives. Cette évolution se déploie à des rythmes variables selon les secteurs ou métiers, chacun atteignant son point d'inflexion à un moment différent. La figure ci-dessous illustre cette transformation.
Dans un premier temps - dit la phrase de productivité, l'IA est une alliée indispensable pour les salariés et les indépendants pour la productivité ? : c'est un outil polyvalent qui augmente les capacités de travail. Elle accompagne les salariés au quotidien, leur permet d'accomplir leurs tâches tout à la fois plus rapidement et plus efficacement. Les développeurs web illustrent bien cette phase. Grâce à certains outils d'IA, ils optimisent le code, ce qui leur permet, en théorie, de se concentrer sur des fonctions plus stratégiques ou créatives.
Cette première phase apporte des bénéfices directement concrets et mesurables : une productivité accrue, une meilleure satisfaction au travail et, souvent, une augmentation des revenus des salariés et indépendants. L'IA contribue à enrichir les compétences plutôt que de remplacer les personnes.
Le point d'inflexion est le moment où les capacités de l'IA dépassent un seuil critique, marquant un tournant dans son évolution. Elle transcende alors son rôle de soutien initial pour devenir un véritable substitut, capable d'accomplir certaines tâches avec une performance supérieure et un coût bien inférieur.
Ce point d'inflexion varie selon les professions et les secteurs. Il est déjà atteint pour certaines activités comme la traduction, ou la production de contenus. Pour d'autres secteurs, notamment le développement web plus avancé, ce point pourrait survenir plus tardivement, mais son arrivée semble inévitable et ses effets se font déjà sentir. Toutefois, à ce stade, plus de recherches sont nécessaires pour confirmer cette hypothèse. En effet, l'étude qui l'avance s'appuie sur des données recueillies entre mai 2022 et octobre 2023, et concerne l'utilisation des modèles GPT 3.5 et 4.0 (lancés en mars 2023). Nous pouvons, malgré tout, faire l'hypothèse que l'accélération récente des développements techniques de cette fin 2024 et de ce début d'année 2025 (mise à jour des modèles d'OpenAI et de DeepSeek, le modèle chinois, ou encore l'investissement “[Stargate]” à 500 milliards par la nouvelle administration Trump) [vont dans cette direction]. (https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/01/22/le-mandat-trump-commence-par-une-pluie-de-centaines-de-milliards-dollars-destines-l-intelligence-artificielle_6509500_3234.html).
Cependant, les récentes avancées des modèles laissent à penser un impact encore plus considérable sur le marché de l’emploi.
Une fois le point d'inflexion franchi, l'IA remplace progressivement l'humain dans un nombre croissant de fonctions. Les professions les plus touchées sont celles qui reposent sur des routines répétitives ou très «structurées»_ : traduction, service client, comptabilité par exemple. Même les professions généralement considérées comme complexes car nécessitant une expertise approfondie – comme le conseil par exemple – n'échappent plus à cette transformation. Cette dynamique est exponentielle : l'IA progresse, affine ses capacités et étend son influence.
Même si cette transition est annoncée, il existe plusieurs façons de l'accompagner qui feront qu'elle sera plus ou moins bien vécue. Sur la base des recherches récentes, nous présentons ci-dessous des recommandations pour les salariés et leurs entreprises.
Ce serait une erreur de conclure de ce qui précède que le process engagé est fatal et qu'il n'y a rien à faire. Notamment pour les salariés qui ont tout intérêt dès maintenant à adopter une mentalité d'apprentissage continu. Pour faire face à l'évolution rapide de ces technologies, il devient impératif de s'engager dans une démarche de formation continue, en se concentrant sur l'acquisition de compétences propre à l'être humain, comme le jugement et la prise de décision. Typiquement, alors que l'IA excelle dans l'exécution de tâches routinières, l'humain reste essentiel pour comprendre et décider en situations complexes. La créativité, l’esprit critique ou encore la communication interpersonnelle sont alors plus que jamais fondamentaux.
Par ailleurs, face à un défi comme celui posé par l'IA, mieux vaut l'anticiper. Plutôt que de la craindre, les personnes devraient devenir proactives dans leurs usages, pour améliorer leur productivité tout en restant conscientes de ses limites. Le tout passe par une bonne connaissance des outils les plus adaptés à son métier.
Enfin, dans un contexte où l'IA remplace le travail humain, s'adapter en ajustant ses compétences à court terme ne suffit plus. Il est crucial de développer une “robustesse durable” – «être adaptable plutôt que s'adapter». La capacité à sortir de sa zone confort, à se réinventer et à explorer de nouvelles voies professionnelles est et sera de plus en plus de véritables atouts.
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Les salariés ne sont pas les seuls à devoir s'adapter. Les chefs d'entreprise ont aussi tout intérêt à réagir, et ce au plus vite. La remise en cause des manières de travailler les concerne au premier chef. Rien ne serait plus erroné que d'imaginer profiter des bienfaits de l'IA sans avoir à agir.
Face à l'angoisse que suscite l'IA sur la pérennité de l'emploi, les entreprises ont tout intérêt à communiquer de façon transparente. Il est impératif d'informer des impacts potentiels de l'IA sur l'emploi. Une communication ouverte réduit l'incertitude et favorise l'adaptabilité.
Pour accompagner une telle révolution du travail qui remettra en cause profondément leur compétitivité et donc, à terme, leur survie, les entreprises devront investir dans la formation et le développement, en proposant des programmes de formation et des ateliers pour permettre aux employés d'acquérir les compétences nécessaires pour travailler plus efficacement avec l'IA.
Il n'y aura pas qu'une bonne façon d'intégrer l'IA dans le monde économique. Les entreprises devraient promouvoir la collaboration homme-machine en favorisant une approche où l'IA complète les compétences humaines plutôt qu’elle ne les remplace. Comme nous l’avons déjà évoqué, la créativité, l’esprit critique et la communication restent indispensables au bon fonctionnement de notre société, la machine ne pouvant, à priori, dans ce cas, se substituer à l'homme.
Toujours dans cette optique, il serait pertinent, une fois une stratégie arrêtée, de mettre en place des mécanismes de suivi. Pour cela, il faut évaluer régulièrement les systèmes avec des mesures quantitatives et qualitatives. Ces mécanismes doivent permettre d'optimiser l'efficacité de la technologie tout en préservant et respectant les valeurs humaines.
Enfin, l'IA suscitera de plus en plus d'inquiétudes dans l'entreprise mais aussi au-dehors. Il est impératif d'établir des principes d'usage éthiques de l'IA, en définissant des principes éthiques pour encadrer l'utilisation de l'IA et garantir une mise en œuvre responsable.
Le succès de cette transition dépend des salariés comme de leurs entreprises, ils doivent agir aujourd'hui, pour comprendre les enjeux en profondeur, anticiper les évolutions et être adaptables !
Laurent Flores ne travaille pas, ne conseille pas, ne possède pas de parts, ne reçoit pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'a déclaré aucune autre affiliation que son organisme de recherche. Le moment clé de la substitution
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