Jean-Marie Le Pen et Rima Hassan : calomnie et confusionnisme au Point
« L'abjection est devenue son métier ». - Le Point / Le Point, Politique, Journalisme politique
Circulation circulaire de la calomnie.
Depuis un an et demi, l'acharnement médiatique contre la députée européenne Rima Hassan (LFI) est constant. Dernier épisode en date ? Rien moins qu'un édito du directeur du Point en personne, le désormais inévitable Étienne Gernelle. Titré « Jean-Marie Le Pen est revenu, il s'appelle Rima Hassan » (30/01), l'édito en question multiplie les attaques contre Rima Hassan : « rhétorique antisémite » ; « négation des principes essentiels de l'État de droit » ; « l'abjection est devenue son métier », etc.
Calomnier la députée européenne et en même temps relativiser (et donc banaliser) l'extrême droite ? Gernelle fait coup double… et enfonce le clou : Le Point venait tout juste de consacrer un article (24/01), un entretien (27/01) et une tribune (29/01) au « cas » Rima Hassan. Son nom figure d'ailleurs dans le titre de 6 publications au mois de janvier 2025 et dans celui d'une quarantaine [1], au total, depuis un an, soit un peu moins d'un par semaine en moyenne. Vous avez dit obsession ?
La caricature et les outrances contre la gauche ayant depuis quelques années le vent en poupe dans le débat public [2], la fuite en avant du directeur du Point ne lui vaudra pas réprimande. Bien au contraire, elle recueille même les faveurs de ses plus éminents collègues. La directrice de la rédaction, Valérie Toranian, relaie le texte sur X (30/01)… et l'indéboulonnable Bernard-Henri Lévy, chroniqueur au Point, fait même le service après-vente au micro de Frédéric Haziza (Radio J, 2/02) :
Comme le dit mon camarade Étienne Gernelle dans Le Point de cette semaine […] : "Jean-Marie Le Pen est revenu et il s'appelle Rima Hassan". Voilà. Donc on est dans un moment de telle confusion des valeurs, mais vous savez, c'est le propre d'ailleurs de… c'est comme dans les années 1930 hein. Dans les années 1930, l'extrême gauche et l'extrême droite échangeaient leurs discours, échangeaient leurs emblèmes, etc. On est revenus dans une situation de même sorte.
Pour reprendre les mots de Pierre Vidal-Naquet : « Qu'il s'agisse d'histoire biblique, d'histoire grecque ou d'histoire contemporaine, M. Bernard-Henri Lévy affiche, dans tous les domaines, la même consternante ignorance, la même stupéfiante outrecuidance. » [3]
Mais qu'importe : l'analogie « Rima Hassan = Jean-Marie Le Pen » séduit plus à droite encore. Du média Frontières (ex-Livre noir), qui se demande à son tour si Rima Hassan est « la Jean-Marie Le Pen de gauche ? » (30/01), au chroniqueur de CNews, Gilles-William Goldnadel, qui pousse encore plus loin : « Bien pire : Jean-Marie Le Pen a nié les massacres du passé, Rima Rien [sic] approuve les massacres de Juifs du présent. » (X, 31/01) Ou comment boucler la boucle d'une chaîne qui participa activement à la réhabilitation médiatique de Jean-Marie Le Pen.
« Confusion des valeurs », disait l'autre. Nous en sommes même bien au-delà…
Maxime Friot
[1] Entre autres joyeusetés : « Le complotisme antisémite de Rima Hassan, candidate Insoumise aux européennes » (24/05/24) ou encore « Rachel Khan : "Rima Hassan, influenceuse de haine" » (22/08/24).
[2] L'analogie entre Jean-Marie Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, par exemple, n'est pas nouvelle.
[3] Voir également notre rubrique et celle du Monde Diplomatique.