Auschwitz a dépouillé l’espèce humaine de toute prétention à l’innocence ou à la pureté

Alors qu’avaient lieu aujourd’hui les commémorations des 80 ans de la libération du camp de concentration nazi d’Auschwitz, nous avons recommencé à faillir, estime notre chroniqueuse. L’Occident n’a pas été capable de dénoncer unanimement le 7-Octobre pour ce qu’il est, ni de se tenir aux côtés d’Israël dans une guerre légitime contre le Hamas... L’article Auschwitz a dépouillé l’espèce humaine de toute prétention à l’innocence ou à la pureté est apparu en premier sur Causeur.

Jan 27, 2025 - 20:31
 0
Auschwitz a dépouillé l’espèce humaine de toute prétention à l’innocence ou à la pureté

Alors qu’avaient lieu aujourd’hui les commémorations des 80 ans de la libération du camp de concentration nazi d’Auschwitz, nous avons recommencé à faillir, estime notre chroniqueuse. L’Occident n’a pas été capable de dénoncer unanimement le 7-Octobre pour ce qu’il est, ni de se tenir aux côtés d’Israël dans une guerre légitime contre le Hamas.


Quand Hans Jonas publie en 1984, Le concept de Dieu après Auschwitz, il se pose une question fondamentale face au mal absolu : Quel Dieu a pu laisser faire ça ? Il y répondra en faisant l’hypothèse d’un Dieu dont la création est à la fois puissance et abandon. La puissance divine est contenue toute entière dans la création. Pour créer, le Dieu de Jonas renonce à toute prise et toute emprise et abandonne toute capacité à intervenir. C’est donc l’homme qui est responsable de la beauté du monde et a la charge de son devenir.

Dans ce cadre, de quoi Auschwitz est-il aujourd’hui le nom? Témoignage un des mieux conservés de l’horreur nazie, Auschwitz c’est d’abord une présence physique : des bâtiments vides pour un million de fantômes, tous juifs. Ce nom est devenu le symbole de la Shoah et du mal absolu, il a dépouillé l’espèce humaine de toute prétention à l’innocence ou à la pureté. Mais avant il induisait aussi un engagement collectif. L’horreur partagée par tout l’Occident face au crime contre l’humanité commis par les nazis avait accouché d’une promesse : « Plus jamais ça » et cette promesse était censée vivre grâce au travail de mémoire et de connaissance. Nous, Occident, avions pris conscience de la lâcheté collective qui avait rendu une telle tragédie possible et de la médiocrité des politiques dont l’absence de courage avait mené au déchainement de la haine antisémite.

L’antisémitisme est de retour

C’était la part de consolation au milieu de la nuit. Face au constat de l’inhumanité des idéologies totalitaires avait émergé une conscience, un consensus et une détermination, autant individuelle que civilisationnelle. Nous avions failli. Failli comme personne n’avait jamais ainsi failli avant, mais nous avions appris. Parce qu’Auschwitz avait été, Auschwitz n’était plus possible. Aujourd’hui nous n’avons même plus cette consolation. Et nous avons perdu l’excuse de l’innocence. Nous connaissons les processus, les idéologies et les méthodes qui amènent à faire de la haine antisémite un levier de mobilisation politique et nous connaissons la dimension culturelle qui s’attache à l’antisémitisme. Or aujourd’hui, alors que nous les voyons revenir, une fois de plus les Etats occidentaux sont dans le déni et ne se donnent pas les moyens de la combattre.

Le retour du crime contre l’humanité, pourtant filmé, renseigné diffusé, l’horreur des otages juifs traités comme des esclaves, le fait d’enlever jusqu’à des cadavres… Ces actes atroces ont fait remonter le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale et ont montré que les ferments du nazisme agissaient encore. Et pourtant, qu’a-t-on pu constater depuis le 7-Octobre ? Aucune réaction ferme des démocraties mais une abdication de toutes leurs responsabilités. Les dirigeants des pays occidentaux ont laissé la propagande islamiste se déverser en Europe et aux Etats-Unis. Ils ont laissé l’extrême-gauche nazifier les juifs, faire des tortionnaires du Hamas, des résistants, et n’ont même pas combattu les fausses accusations de génocide. Résultat, depuis le 7-Octobre l’antisémitisme explose partout.

Et ce n’est pas à la résurgence d’un antisémitisme d’extrême-droite devenu triomphant auquel on assiste, mais à l’avènement d’un antisémitisme culturel lié à l’immigration de populations arabo-musulmanes. Soyons clairs, si les juifs ne peuvent être accueillis à l’école de la République, ce n’est pas parce qu’ils sont persécutés par des élèves dont les familles votent RN. S’il y a une alya interne qui voit les juifs quitter le 93 et le 95, ce n’est pas parce que Jean-Eudes les accuse d’avoir tué le Christ. Dans les deux cas, c’est parce qu’aujourd’hui, dans l’islam, ce sont les fascistes islamistes qui dominent et donnent le ton. Ici comme ailleurs. L’antisémitisme est donc un bon moyen de se concilier aujourd’hui les faveurs des électeurs arabo-musulmans et cela se vérifie dans les scores électoraux de LFI dans les quartiers et les villes ghettoïsées.

Les politiques ne s’y sont pas trompés et LFI a fait de la haine des juifs un outil de racolage électoral et de mobilisation politique. La gauche, qui depuis la Seconde Guerre mondiale se vit en héritière de la résistance et qui n’a que l’antifascisme à la bouche, aurait donc dû rompre bruyamment avec ceux qui utilisent des leviers que les nazis n’auraient pas reniés. Elle a pourtant considéré qu’instrumentaliser l’antisémitisme n’était pas une ligne rouge. Entre ses intérêts personnels et la dignité humaine, elle a choisi : elle rejette l’humanisme et s’allie à l’extrême-gauche pro-Hamas.

Accord de la Gauche pour un Front Populaire, Paris, 11 juin 2024. De gauche à droite, Fabien Roussel, Olivier Faure, Marine Tondelier et Manuel Bompard © ISA HARSIN/SIPA

Mais comment faire passer une telle médiocrité morale pour une vertu politique ? Grâce à ces mots magiques : « union de la gauche ». Il semblerait qu’il suffise d’agiter ce lieu commun pour que tout d’un coup l’antisémitisme ne soit plus une ligne rouge. Ainsi le PS et EELV n’ont aucun mal à s’allier avec LFI. Ils ont créé le NFP pour rafler un maximum de postes lors des dernières législatives, ils s’allient avec Louis Boyard pour tenter de prendre la mairie de Villeneuve-Saint-Georges (94). Quoi que fasse LFI, ils finissent par tout cautionner. Ils sont comme la mort, ils prennent tout et n’ont aucun dégoût. Alors comment concilier un tel cynisme avec un soi-disant ADN antifasciste ? En misant sur l’absence de rapport à la dignité humaine de leurs électeurs. Et visiblement, cela marche.

Les Israéliens nazifiés par l’islamo-gauchisme

Mais sur les réseaux sociaux, cette attitude ne passe pas. Le tweet du parti socialiste sur la commémoration de la libération d’Auschwitz leur a valu une volée de bois vert, leur rappelant leurs alliances et de ce fait leur déshonneur. Jean-Luc Mélenchon, lui, tente la récupération en mode donneur de leçons, les internautes lui rappellent que son parti est considéré comme jouant un rôle prépondérant dans la diffusion de l’antisémitisme. Quant à Rima Hassan, elle a posté une affichette indiquant : « Génocides d’Auschwitz à Gaza, plus jamais ça. » Enième tentative de faire des Palestiniens, les nouveaux juifs et des juifs, les nouveaux nazis. Et cela ne se passe pas mieux sous le post d’Emmanuel Macron : son absence à la marche contre l’antisémitisme est une accusation récurrente.

Ils sont lucides, les internautes. Combien de République de Weimar dans l’ascension d’Hitler ? Combien de lâcheté de la part de politiques persuadés de jouer l’apaisement ont nourri la bête nazie ? Parce qu’Auschwitz, c’est ce qui arrive aux démocraties quand elles manquent de courage face à la barbarie et aujourd’hui nous en sommes à la phase absence de courage même face au retour des pogromes.

Héritier du combat pour la liberté et l’égalité des hommes livré lors de la Seconde Guerre mondiale, nous étions tous les héritiers à la fois de l’horreur et de la rédemption. Aujourd’hui il ne reste que l’horreur car nous avons recommencé à faillir. L’Occident n’a pas été capable de dénoncer le 7-Octobre pour ce qu’il est et de se tenir aux côtés d’Israël dans cette guerre légitime. Il n’a pas eu de réelle compassion pour les otages et n’a pas œuvré clairement pour exiger leur libération. Il n’a pas soutenu les Israéliens alors que ceux-ci gagnent sur le terrain. Mais surtout il continue de financer le terrorisme et la haine des Juifs en versant des sommes délirantes au Hamas et à l’UNRWA, son annexe.

Alors comment comprendre tous ces politiques qui viennent pleurer sur Auschwitz, quand dans le même temps leurs Etats financent ceux qui promettent d’autres 7-Octobre en Israël comme chez nous ? Aujourd’hui, dénoncer la Shoah est devenu une posture morale, déconnectée même de l’antisémitisme. Il faut le faire pour garder son aura de vertu mais cela n’engage à rien. Et surtout pas à combattre la haine des Juifs. Non seulement le ventre est encore fécond d’où est sorti la bête humaine, mais il est entouré d’accoucheurs zélés qui tentent de se faire passer pour des parangons de vertu… Pas étonnant que les peuples regardent l’avenir avec angoisse : Auschwitz leur rappelle jusqu’à quel point le meurtre de masse a pu être un outil politique et à quel point la lâcheté de ses dirigeants peut exposer un peuple. Or aujourd’hui ils ont conscience de ne pas être défendus.

L’article Auschwitz a dépouillé l’espèce humaine de toute prétention à l’innocence ou à la pureté est apparu en premier sur Causeur.