XV de France: une victoire peut-être en trompe-l’œil
Le XV de France a infligé une correction au Pays de Galles (43-0) lors de son entrée en lice dans le Tournoi des Six Nations. Un score impressionnant, qui témoigne davantage des faiblesses galloises que de la toute-puissance française. Alors que les Bleus se préparent pour un « Crunch » décisif contre l’Angleterre, cette démonstration de force doit être relativisée... L’article XV de France: une victoire peut-être en trompe-l’œil est apparu en premier sur Causeur.
Le XV de France a infligé une correction au Pays de Galles (43-0) lors de son entrée en lice dans le Tournoi des Six Nations. Un score impressionnant, qui témoigne davantage des faiblesses galloises que de la toute-puissance française. Alors que les Bleus se préparent pour un « Crunch » décisif contre l’Angleterre, cette démonstration de force doit être relativisée…
Depuis Platon et son Mythe de la caverne, même si on l’oublie un peu trop souvent, on sait qu’il faut se méfier des apparences. Elles ne sont pas la réalité. Elles n’en sont qu’un reflet… souvent trompeur. Le sport, lui aussi, devrait ne pas déroger à ce prudent « principe de précaution » valable en toute chose et à tout instant.
Ainsi, certes, en match d’ouverture du tournoi des Six nations, au Stade de France, les Bleus ont infligé aux Rouges gallois, pas même fichus de marquer une pénalité, une cuisante raclée. Ils l’ont emporté par un 43 à 0. Ce score est le quatrième plus élevé, toutes compétitions confondues, du XV de France, après le 96-0 sur la Namibie en Coupe du Monde 20231, le 53-10 subi par l’Angleterre il y a deux ans lors du même tournoi, le 51-0 contre ces mêmes Gallois en 1998 lorsque celui-ci s’appelait encore des Cinq nations. Il se muera en Six nations en 2000 en incluant l’Italie qui, depuis, peine à céder la place de dernier qu’on appelle « la cuillère de bois ».
Difficile de tirer des conclusions de cette large victoire
Comme le suggère dans sa chronique dans L’Équipe de samedi dernier, Jean-Baptiste Elissalde, ancien demi de mêlée basque des Bleus, 35 sélections (2000-2008), cette insolente victoire grâce à sept essais dont trois imputables au « Mozart de l’Ovalie », Antoine Dupont, ne serait-elle pas en trompe-l’œil ? Pour lui, ce match a « davantage montré les faiblesses galloises – sans talent ni puissance – que la force française2. » Son propos a tempéré l’euphorie de la presque totalité des commentaires.
« Les Gallois restaient sur douze défaites d’affilées3, poursuit-il. (…) Les Bleus n’ont pas eu à déployer trop d’effort pour les maîtriser, il suffisait d’attendre, de les laisser venir sans rater le plaquage. (…) Le jeu français s’est parfois résumé à cela : du travail des avants puis hop, une passe au pied. Puis encore du travail des avants et hop, une passe lobée. »
Donc, à ses yeux experts, «il reste difficile de tirer des conclusions de cette large victoire ». Il estime que la « véritable évaluation » aura lieu à Twickenham, samedi prochain, contre l’Angleterre. La rencontre s’annonce rugueuse, d’autant que le XV de la Rose a sérieusement bousculé le Trèfle irlandais dans son fief dublinois. Doubles tenants du titre, les Irlandais après une entame poussive l’ont emporté de justesse (27-22). Ils ont renversé un sort qui leur semblait contraire qu’en seconde mi-temps.
« … Ces derniers n’en menaient pas large » avant la pause, « bousculés, étouffés (…) par une Angleterre agressive, et solide comme un roc en défense », ce qui lui a valu de décrocher le bonus défensif, rapporte le chroniqueur du Parisien-dimanche, Axel Daillet4. Selon lui, les Anglais ont fait montre « d’une force de caractère qui va gonfler leur orgueil cette semaine afin de préparer au mieux la réception des Bleus à Twickenham » où leurs supporteurs savent donner de la voix en entonnant l’hymne national, « God save the King » et non plus « the Queen », et pour cause, Elisabeth II n’étant plus.
Le coq et la rose
Depuis 1981, la presse britannique a baptisé la confrontation France-Angleterre de « crunch » (craquement), ce qui a été traduit en français par « moment crucial ». En effet, si ce match ne fait pas du gagnant le vainqueur assuré du tournoi, le perdant sait qu’il a la certitude d’en être le vaincu. Mais cette année s’y ajoute une valeur symbolique. Le XV de la Rose doit tout mettre en œuvre pour laver l’humiliant affront de 2023 que le Coq gaulois lui avait administré. Il avait encaissé pas moins de 53 points, soit sept essais, six transformations et deux pénalités, lui n’ayant marqué péniblement que 10 points, soit un essai transformé et une chiche pénalité. L’année suivante, venus au Stade de France déterminés à prendre leur revanche, les Anglais s’inclinaient sur un amer 33-31. Donc pour eux, longtemps puissance dominatrice de ce tournoi dans ses deux formats de cinq ou six nations, une victoire s’impose. Surtout que le match se joue sur leur terre… Une défaite tournerait à la catastrophe nationale…
De leur côté, les Bleus ont la détermination d’en finir avec la malédiction qui les accable depuis 2020, année de la nomination de Fabien Galthié comme sélectionneur. Ils remportent pratiquement tous leurs matches mais ne conquièrent aucuns trophées. À la coupe du Monde de 2023 qui s’est jouée en France, lors du match d’ouverture, ils s’imposent par un très prometteur 27-13 devant les « invincibles » All blacks. Hélas, ils se font sortir sur un frustrant 28-29 en quart de finale par l’Afrique du sud qui remportera le titre mondial. L’an dernier, lors de ladite tournée d’automne, à l’issue d’un homérique duel, ils l’emportent encore devant ces mêmes Néo-Zélandais, de justesse, d’un tout petit point, à savoir 30 à 29.
Concernant le tournoi des Six nations, sur les cinq dernières éditions, ils en ont gagné qu’une en 2023 après avoir réalisé un grand chelem et se sont classés quatre fois second. Comme l’a dit Antoine Dupont avant le France-Pays de Galles : « Gagner 80% de nos matches mais ne décrocher aucun trophée, ça n’a pas de sens ». Donc le « crunch » de samedi prochain promet…
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- Le score le plus élevé de toute l’histoire du rugby a été réalisé en 1995 par la Nouvelle-Zélande contre le Japon, 145 à 17. Les All Blacks avaient marqué 21 essais soit une cadence d’un toutes les quatre minutes. ︎
- https://www.lequipe.fr/Rugby/Article/-la-vraie-evaluation-aura-lieu-a-twickenham-l-oeil-de-jean-baptiste-elissalde-apres-france-pays-de-galles/1536799 ︎
- Au classement mondial, le Pays de Galles occupe aujourd’hui la 11ème place, devancé par l’Italie et les Fidji. Pourtant, c’est la sélection qui partage avec la France le plus grand nombre de grand chelem du tournoi des Six nations, à savoir quatre, devançant l’Irlande trois et l’Angleterre deux. ︎
- https://www.leparisien.fr/sports/rugby/tournoi-des-6-nations/irlande-angleterre-27-22-amorphe-en-premiere-periode-le-xv-du-trefle-renverse-le-match-01-02-2025-DGVTAH4VFNFLVON2B27UCCBBOM.php ︎
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