Villeneuve-Saint-Georges: pas si fort, Boyard!
Le jeune député LFI Louis Boyard a perdu l’élection municipale anticipée de Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne. Il réalise 38.75% des voix au second tour, dans une commune qui avait pourtant voté à 46% pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022, et à 61% pour lui à la députation en 2024. Un vrai fiasco, mais la gauche ne semble pas décidée à remettre en cause sa stratégie communautariste pour autant. Analyse... L’article Villeneuve-Saint-Georges: pas si fort, Boyard! est apparu en premier sur Causeur.
Le jeune député LFI Louis Boyard a perdu l’élection municipale anticipée de Villeneuve-Saint-Georges dans le Val-de-Marne. Il réalise 38.75% des voix au second tour, dans une commune qui avait pourtant voté à 46% pour Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle de 2022, et à 61% pour lui à la députation en 2024. Un vrai fiasco ! Mais la gauche ne semble pas décidée à remettre en cause sa stratégie électorale communautariste pour autant. Analyse.
Pari perdu pour Jean-Luc Mélenchon et ses acolytes. Villeneuve-Saint-Georges leur échappe. La claque est d’autant plus significative qu’avec presque 40% de participation (39,67%) au second tour contre 33,5% au premier tour, LFI a pu constater que la perspective que la ville passe sous son contrôle a réveillé les électeurs. Ils se sont mobilisés en effet, mais contre Louis Boyard. Villeneuve-Saint-Georges ne quitte pas le giron des LR, souhaitons-lui néanmoins un meilleur avenir.
Ville-test
L’ambition de montrer « ce que pouvait être une ville insoumise » a échoué. 61,25% des électeurs l’ont refusé : 12,25% s’étant portés sur l’ancien maire, Philippe Gaudin, divers droite, les 49 % autres ayant donné le fauteuil de maire à Kristell Niasme (LR). Il faut dire qu’avec la composition de sa liste, un peu de dealers, de refus d’obtempérer, le tout saupoudré de barbus, Louis Boyard avait mis la barre haut. Il faut dire aussi que Boyard n’est pas l’Insoumis le plus crédible en tant qu’édile. Quoique, leur en reste-t-il en stock, depuis que la vocifération est le marchepied de la notoriété à LFI ? La claque est d’autant plus difficile que sur le papier, entre sa réserve de voix à gauche et la division à droite, le calcul n’était pas absurde.
D’ailleurs la ville n’avait pas été choisie au hasard. Ancienne municipalité communiste, historiquement à gauche, abritant beaucoup de familles de cheminots, la ville n’avait basculé à droite qu’en 2020. C’est une ville très pauvre, ravagée par les nuisances sonores du fait de la proximité d’Orly, où se logent beaucoup de familles immigrées. Cumulant quartiers ghettos, culture de gauche, difficultés économiques et frustrations sociales, la ville a été d’autant plus ciblée que les divisions à droite laissaient envisager qu’elle serait facile à conquérir. Y envoyer Louis Boyard faisait de surcroit de cette ville, une ville test. Autrement dit une ville structurellement destinée à tomber dans l’escarcelle de LFI du fait de sa composition en termes de population et d’une forte implantation musulmane (le Val-de-Marne est dans le viseur des islamistes, qui estiment qu’il est le deuxième département contenant la plus importante communauté musulmane après la Seine-Saint-Denis). Le rêve insoumis s’appuyait également sur les résultats faits par Jean-Luc Mélenchon aux présidentielles de 2017 et 2022 (autour de 46% des voix) et sur l’idée de miser sur les quartiers. Pas en allant chercher les habitants les plus méritants, mais en investissant dans les relais d’opinion sans être regardant sur leur mode d’action ou de prédation dans leur quartier ou au-delà. L’idée étant de mesurer l’existence d’une dynamique politique forte, autrement dit d’essayer de voir si avec la bonne étiquette (soit celle de LFI), même une chèvre sous stéroïde se ferait élire, pour peu que la composition de l’électorat coche certaines cases.
En tête au premier tour
D’ailleurs Louis Boyard était bien arrivé en tête au premier tour avec 24,89% des voix, au coude à coude avec Kristell Niasme, la candidate LR, arrivée en seconde position. Certes, seuls 92 voix les séparaient. Ce score était d’autant plus méritoire pour l’ancienne première adjointe qu’elle a dû gérer les comportements erratiques de l’ancien maire, revanchard et agressif et surtout incapable de prendre la mesure du rejet que son comportement avait suscité. Or si des élections partielles ont été convoquées, c’est parce que c’était le seul moyen qu’avaient trouvé ses colistiers pour mettre fin aux agissements de leur leader. L’un des derniers incidents ayant conduit à ces démissions en masse étant un salut nazi effectué lors d’une séance houleuse du Conseil municipal.
Très en colère, l’ancien maire, Philippe Gaudin, pourtant désavoué au premier tour dans les urnes, a choisi de se représenter. Il s’avérait ainsi un allié inespéré pour LFI, qui bénéficiait d’une triangulaire surtout néfaste pour son adversaire.
A lire aussi, Elisabeth Lévy: La gauche Hamas
Mais les divisions à droite n’auront pas suffi à assurer la victoire des Insoumis. Pas plus que les compromissions à gauche. En effet, la liste menée par le communiste Daniel Henry qui réunissait les écologistes et le PS (arrivée troisième au premier tour avec un score de 20,7%) a montré qu’elle avait l’estomac politique d’un doberman. Rien ne la dérange. Il n’y a pas eu d’accord de gouvernance, donc pas de fusion de listes, mais qu’à cela ne tienne, la liste PS/PC/Ecologistes a quand même apporté son soutien à l’Insoumis. Et peu importe que la liste de LFI abrite repris de justice et islamistes antisémites. Depuis le NFP, la gauche qui se croit encore républicaine n’a plus aucune ligne rouge morale, et est prête à défendre n’importe quoi. L’instrumentalisation de la haine des Juifs comme levier de mobilisation électorale ? La gauche le valide en acceptant l’alliance avec LFI ; La violence politique comme outil de déstabilisation sociale ? Validé aussi ; Permettre à des voyous violents et à des islamistes d’arriver au pouvoir ? Également validé. À ce stade, on se demande bien ce qui pourrait les rebuter…
Politique-fiction
D’autant que le résultat de tant de soumissions ne déclenche que l’ingratitude de celui qui les reçoit. À peine battu, Louis Boyard gratifiait les électeurs de Villeneuve-Saint-Georges d’un discours de victoire assez stupéfiant. Comme d’habitude à LFI, la fiction prend le pas sur la réalité. Dans cette nouvelle production, Louis Boyard, abandonné par la gauche traitresse (tout ce qui n’est pas LFI), s’est battu seul contre tous, tel Bayard à Roncevaux. Mais il n’a pas échoué sans gloire et son score dans l’adversité ouvre la voie à de nouvelles victoires. La réalité, c’est surtout que les reports n’ont pas été très bons (Boyard faisant moins de voix que l’addition des voix de sa liste et de la liste PC /PS /EELV au premier tour), et que la mobilisation s’est faite contre lui. En attendant, ses soutiens ont été symboliquement lapidés en place publique sans guère d’atermoiement.
Cela pourrait leur donner matière à penser… D’autant qu’avec la hausse de participation de 6 points qui a eu lieu entre le premier et le second tour, le message des électeurs est clair : la stratégie de la brutalisation et de la victimisation ne prend pas. On aimerait pouvoir croire que cette claque va servir de leçon et terminer cet article en espérant que la gauche comprenne que, si elle veut un jour retrouver le chemin des urnes, elle a intérêt à rompre avec le parti de Jean-Luc Mélenchon ; mais rien n’y pousse. Malgré tous les excès de LFI, la composition pour le moins provocatrice de la liste de Louis Boyard, celui-ci rassemble quand même 38,75% des voix. Quant à la gauche, elle a choisi une fois de plus la lâcheté et se retrouve perdante des deux côtés. La majorité des électeurs, elle, a choisi l’abstention. Cela peut laisser dubitatif sur l’état de santé général de notre système politique.
L’article Villeneuve-Saint-Georges: pas si fort, Boyard! est apparu en premier sur Causeur.