La France à cran d’arrêt

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Fév 4, 2025 - 09:54
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La France à cran d’arrêt

L’éditorial de février


Une promesse de vie humaine bafouée. Un jeune homme de 14 ans ne rentrera jamais de son entraînement de foot. Le 24 janvier, à Paris 14e, Elias a été poignardé à mort par deux barbares qui voulaient voler son portable. Victime de la cruauté à bas front de ses agresseurs (tous deux mineurs), mais aussi de la bêtise satisfaite des pouvoirs publics, parfaitement représentés en l’espèce par l’improbable Carine Petit, maire de cet arrondissement où les cités HLM assurent à Anne Hidalgo une élection sans risque.

Un an plus tôt, une bande semait la terreur aux abords des deux stades du quartier. Ne croyez pas que notre bonne maire soit restée inactive face à ce qu’elle qualifie pudiquement de « signaux d’alerte » : « On a mobilisé tout le monde, on a mis des mots sur ce qui se passait. » Combattre l’ensauvagement en « mettant des mots », il fallait oser, c’est à ça qu’on les reconnaît. Soyons justes, il y a aussi eu des actes, dont la maire se félicitait en mars 2024. « En discutant avec les services sociaux et les associations sportives, on a identifié cinq jeunes. On leur a apporté un soutien éducatif, on a aidé leurs familles et depuis, tout va mieux. » Les deux meurtriers d’Elias faisaient partie des cinq jeunes. Sans surprise, la chaîne pénale s’était montrée tout aussi inefficace, une loi scélérate concoctée par Nicole Belloubet, présentée par Éric Dupond-Moretti et votée par l’Assemblée nationale ayant établi qu’on jugerait les mineurs plusieurs mois après les faits. De sorte qu’ils ne comprennent rien à la sanction et puissent dans l’intervalle entre un délit et sa sanction causer d’autres dégâts. Ou tuer.

On savait que des bandes semaient la violence et on n’a rien fait. Pire, on a apporté à ces salopards « un soutien éducatif ». Un adolescent est mort à cause de l’idéologie de l’excuse propagée depuis quarante ans par le commentariat convenable, la sociologie d’État, les associatifs subventionnés, la gauche angélique.

Cet adolescent pourrait être votre fils ou votre frère. Alors que les États-Unis et la Chine se disputent la maîtrise de l’intelligence à coups de milliards et de puces superpuissantes, l’Europe et la France subissent un phénomène venu d’un autre âge et d’autres contrées, une multiplication des attaques à l’arme blanche qui peuvent frapper n’importe où, n’importe quand et n’importe qui. Certaines sont perpétrées au nom de l’islam, d’autres pour dépouiller la victime ou à cause d’un regard de travers. En quelques jours, un homme a été poignardé au cri de Allah Akhbar! dans un supermarché d’Apt, un autre, agressé au couteau dans le métro de Lyon par un type qu’il avait bousculé. Sans oublier ce bébé de 2 ans tué par un Afghan dans une attaque au couteau dans le sud de l’Allemagne. Pour l’année scolaire 2023-24, on a recensé dans les seuls établissements parisiens 74 agressions au couteau dans les collèges, 38 dans les lycées, et 18 en primaire où les élèves ont moins de 11 ans.

Encore une fois, ne croyez pas que l’État soit impuissant. Quelques jours après la mort d’Elias, la mairie de Paris lançait son « plan couteaux ». Le rectorat, les médiateurs de la capitale, la police municipale, la préfecture de police, le parquet et de nombreux professionnels de terrain (autrement dit des militants associatifs subventionnés) ont collectivement réfléchi à des « actions de sensibilisation et de prévention », je n’invente rien. Une vidéo intitulée « Ne mets pas ton couteau dans ta poche » sera diffusée dans chaque classe parisienne. Il est aussi prévu, sans rire, de distribuer des flyers pour expliquer aux élèves qu’ils ne doivent pas porter de couteau et d’organiser la venue dans les établissements de médiateurs ou de policiers – entre deux séances d’initiation à la transidentité on suppose. Enfin, la Mairie de Paris s’apprête à doubler les effectifs de l’équipe de médiation. Les voyous tremblent. On respire.

Impuissantes à neutraliser les individus qui agressent ou tuent à l’arme blanche, incapables de les désigner parce qu’il ne faut pas stigmatiser, les institutions mèneront une guerre sans merci contre les couteaux. Un peu comme si, après l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice, on avait mis en place une surveillance des camions. On pense à la ministre de l’Intérieur britannique qui, après la tuerie de Southport de l’été 2024, s’en est pris à Amazon sous prétexte que l’assassin de trois petites filles s’était procuré son couteau sur la plateforme. Il faut dénoncer sans attendre les agissements du BHV.

L’accablement n’empêche pas la rage, il la décuple. Le 27 janvier, on apprenait dans Le Parisien que, dans le Colorado, un spectateur avait été tué par un marteau au cours d’une compétition de lancer dudit objet. Je ne sais pas ce que fait la police, mais j’exige que la Mairie de Paris, le ministère des Sports et l’ONU lancent immédiatement un « plan marteaux » pour que de tels drames ne se reproduisent pas.

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